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Attention aux teneurs maximales autorisées en contaminants Produire des céréales aux normes

Si des outils d'aide à la décision existent déjà pour gérer le Don (déoxynivalénol), des recherches sont encore nécessaires pour confirmer les premiers leviers d'action pour d'autres contaminants comme le cadmium et l'ergot.

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En matière de mycotoxines, des limites maximales en déoxynivalénol, zearalénone et fumonisines doivent être respectées pour les débouchés en alimentation humaine. Concernant l'alimentation animale, elles sont envisagées pour les T2 et HT2 à 3 000 µg/kg pour l'avoine et produits à base d'avoine et 1 000 µg/kg pour les autres céréales. Le Don, mycotoxine dominante en France, entraîne des problèmes certaines années. Les caractéristiques propres à une année expliquent en effet 43 % de la teneur, l'agronomie 31 % et la région 16 %. « Le précédent cultural, le travail du sol et la variété sont les principaux facteurs de risque impliqués dans le développement de Fusarium graminearum, premier et principal producteur de Don », rappelait Emmanuelle Gourdain, d'Arvalis, lors du 4e colloque « Qualité sanitaire des céréales », en avril dernier. Des grilles élaborées par l'institut permettent aux producteurs d'évaluer le risque agronomique de chaque parcelle en blé tendre, maïs grain, blé dur ou orge. Objectif : limiter le cumul des risques. Les conditions climatiques de l'année étant ensuite déterminantes, la grille agronomique blé tendre et blé dur d'Arvalis tient compte depuis 2011 du cumul des pluies autour de la floraison pour optimiser et justifier le traitement contre ce champignon. Dans la même optique, Bayer CropScience propose DONcast. Afin d'adapter leur stratégie de collecte et de stockage, les OS peuvent évaluer avant récolte le niveau de Don à la parcelle en blé tendre et blé dur avec des outils comme Myco-Lis, d'Arvalis, ou Qualimètre, de Syngenta. En maïs grain, Qualimètre prédit le risque zearalénone et fumonisines. « Nous complétons ces prévisions par des analyses avant moisson et sur les premières livraisons, déclarait Julien Dugros de Valfrance. Un allotement spécifique peut alors être opéré pour un nettoyage avec la table densimétrique. Un échantillon moyen est analysé pour chaque cellule de stockage avec un nettoyage à la clé si le seuil est dépassé. Des analyses libératoires peuvent compléter le dispositif.»

Des alcaloïdes non réglementés

Dû à Claviceps purpurea, champignon qui attaque les inflorescences des graminées, l'ergot est présent en France à un faible niveau avec cependant une recrudescence sporadique en 2003, 2006 et 2009. La limite maximale autorisée est de 0,5 g d'ergot/kg de céréales pour l'alimentation humaine, de 1 g/kg de céréales pour l'alimentation animale et trois sclérotes (ou fragments) pour 500 g de semences certifiées. Au-delà des pertes de rendement qu'il engendre, l'ergot contient des alcaloïdes, substances dont les teneurs ne sont pas réglementées, bien que toxiques, et présentes dans 50 % des échantillons analysés par l'Efsa en 2011. Le seigle est l'espèce la plus sensible, viennent ensuite le triticale, le blé dur, le blé tendre, l'orge et l'avoine. Quelques moyens préventifs semblent se dessiner pour éviter son apparition au champ comme l'efficacité de certains traitements de semences bien qu'il n'y ait pas d'homologation pour cet usage (Prelude 20 FS + Premis 25 FS ou encore Vitavax 200 FF) ou le choix de variétés peu sensibles (Soissons, Robigus, Glasgow, Cordiale ou Oakley en blé d'hiver). Les graminées adventices pouvant servir de relais au champignon, la bonne gestion de celles-ci est également indispensable. Après la récolte, la seule solution reste le nettoyage des lots : la table densimétrique permettrait d'éliminer la quasi-totalité de l'ergot et des alcaloïdes. Autre contaminant, cancérigène, le cadmium fait partie des métaux présents en faible quantité dans la nature, notamment le sol, et peut ainsi être absorbé par les cultures. La teneur maximale est de 0,10 mg/kg dans les céréales, sauf le blé, le riz, le son et le germe (0,20 mg/kg). Ces normes pourraient être revues prochainement à la baisse : 0,075 mg/kg pour les céréales, sauf le blé tendre et le riz (0,10 mg/kg), le blé dur, le son et le germe (0,175 mg/kg, et ensuite 0,15 mg/kg au bout de trois ans).

Des variétés inégalement sensibles au cadmium

Une limite maximale pourrait aussi voir le jour pour les produits pour enfants (0,01 à 0,05 mg/kg). Le blé dur semble accumuler le cadmium beaucoup plus que les autres céréales. Quelques premiers constats ouvrent la voie à plusieurs pistes d'actions. Ainsi, la concentration en cadmium dans les végétaux est plus faible sur les sols alcalins (gérer le pH pourrait être une solution) ainsi qu'après un épandage de matière organique (l'élément semble bloqué). A l'inverse, l'apport d'azote pourrait l'augmenter. Enfin, il existe également des variétés faiblement accumulatrices et des possibilités de sélection. Un gène a en effet été identifié au Canada.

Chantal Urvoy

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